La qualité de l'offre est une préoccupation pour les acteurs de la formation et de l'insertion à la Réunion

Par - Le 16 octobre 2010.

La Fédération de la formation professionnelle (FFP) de la Réunion a organisé, le 21 septembre dernier, un colloque sur “La qualité de l'offre de formation et les comportements d'achat de prestations de formation". Soutenue financièrement par la Région Réunion, la Dieccte[Suite à la circulaire du Premier ministre en date du 18 mai 2010, la DRTEFP de la Réunion est devenue la [Dieccte, Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (et non “Direccte", comme en métropole). [/footnote], Pôle emploi, ainsi que la FFP nationale, cette rencontre a rassemblé plus de 200 représentants des organismes institutionnels, des Opca et des prestataires locaux de formation.

“Développer un échange constructif entre acteurs, promouvoir l'offre privée de formation et entendre les difficultés des commanditaires publics et privés dans l'acte d'achat de prestation", tels étaient les objectifs du colloque, précise Thierry Fayet, président de la délégation de la FFP à la Réunion (voir aussi notre interview).

RÉFLEXIONS EN COURS

Déclinaison à la Réunion de la manifestation organisée en juin 2009 par la FFP au niveau national, qui avait pour thème : “Valoriser nos pratiques, faire un état des lieux de l'existant", le colloque a aussi constitué un préalable aux futures Assises de la formation professionnelle du Conseil régional de la Réunion.

Selon Thierry Fayet, il “a également permis à la profession de faire écho aux États généraux de l'outre-mer, lancés par le gouvernement", et notamment aux ateliers du 29 juin 2009, au cours desquels la qualité des formations avait été jugée trop inégale. Les objectifs suivants avaient alors été énoncés : revoir l'offre de formation en profondeur (“en entrant par la demande, avec notamment l'écoute client"), revisiter les référentiels de formation (en liaison avec des professionnels, en renforçant les enseignements techniques et pratiques), améliorer la flexibilité de l'offre, faire assurer un contrôle qualité par des experts indépendants.

“Au même titre que la modernisation du marché du travail ou la réforme du service public, l'amélioration du système de formation professionnelle est un enjeu prioritaire pour l'État", indique Jean-François Dutertre, directeur régional du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle de la Réunion, pour qui “le critère qualité est nécessairement un élément de décision dans l'acte d'achat".

En effet, note Thierry Fayet, l'évolution du marché de la formation impose des “contraintes accrues" de productivité (raccourcissement des durées, diminutions des tarifs) et pédagogiques, liées à l'individualisation des parcours, aux dispositifs en “tuyaux d'orgue", ainsi qu'aux demandes de certification de plus en plus importantes. Elle suppose donc d'“agir sur toute la chaîne de valeur", et notamment de mettre l'accent sur la définition des besoins des clients et leur traduction “en objectifs opérationnels et mesurables", de préciser les responsabilités, de consacrer les moyens nécessaires à l'évaluation, sans oublier de proposer des outils de validation des acquis de la formation.

Une telle situation exige des acteurs une professionnalisation. Car, précise le directeur du travail, la qualité de la formation est un “atout évident" en terme de positionnement pour les prestataires, sur un marché fortement concurrentiel, et une garantie de la bonne utilisation des fonds de la formation. “Pour les demandeurs d'emploi comme pour les salariés, la qualité de la formation suivie est bien sûr essentielle", souligne-t-il.

Qualité, visibilité, lisibilité...

En effet, comme l'a démontré le rapport de la commission présidée par Charlotte Duda, la garantie de la qualité passe par la visibilité de l'offre (qui vise déclaration, agrément, qualité, label) et la lisibilité (les outils d'information sur l'offre de formation)[À la Réunion, le portail [www.formanoo.org permet à tous les publics et tous les acteurs de la formation et de l'insertion d'accéder à des espaces grands publics et professionnels. [/footnote].

Premier filtre qualitatif, la déclaration d'activité n'a pas pour objet d'“entraver le libre accès au marché de la formation professionnelle continue, mais d'identifier l'ensemble des prestataires, par l'attribution d'un numéro d'enregistrement. Elle permet une première visibilité des organismes ayant réellement la formation comme activité et permet un premier contrôle, grâce au bilan pédagogique et financier", a expliqué le directeur régional du travail de la Réunion.

Au-delà, s'engager dans la voie de la qualité est un “marqueur fort pour les organismes de formation, en terme de reconnaissance". Les outils d'une telle démarche sont nombreux : les uns, centrés sur l'organisme de formation (normes françaises et internationales, ou les certifications par tierce partie, etc.) ; les autres, concernant le formateur (CQP de formateur consultant, certification ICPF), les structures de l'Éducation nationale (label Gréta plus), les produits (diplômes, titres, CQP, certificats professionnels, etc.), voire l'évaluation (CP FFP[Certificat professionnel FFP. [www.cpffp.com
[/footnote], etc.). Pour Jean-François Dutertre, la visibilité de l'offre se manifeste également au moment du contrôle des fonds de la formation professionnelle par le SRC (Service régional de contrôle), dont l'action sur la qualité de la formation “va se traduire par son intervention au niveau de l'accès au marché de la FPC (déclaration d'activité) et sur la conformité de l'utilisation des fonds (contrôle des organismes de formation et des entreprises, partenariat avec les Opca)".

Le directeur régional du travail ajoute : “Peu d'organismes sont réellement concernés par ces labels ou normes, mais la démarche qualité est en cours, et un travail en profondeur est entrepris de façon à peser sur la construction des normes et la mise en avant de la qualité de service rendu à l'usager, tant dans la conception de la formation que dans a mise en œuvre pédagogique." Quatre groupes de travail sont en place actuellement pilotés par l'Afnor : “Lisibilité de l'offre de formation", “Évaluation, attestation de formation", “Chaîne de réalisation d'une action de formation" et “Révision des normes".

UN MARCHÉ SOUTENU PAR LA COMMANDE PUBLIQUE

Selon Jean-François Dutertre, au 31 décembre 2008, 574 organismes de formation (dont 113 nouveaux) étaient enregistrés à la Réunion. 509 avaient transmis leur bilan pédagogique et financier, dont 468 déclarant avoir exercé l'activité de formation professionnelle pour un chiffre d'affaires total de 110 millions d'euros. “S'agissant des financeurs, le marché est soutenu par la commande publique, à hauteur de 56 millions d'euros, soit 50,62 % du total", précise-t-il.