Techniciens cycle : places à prendre pour les passionnés

Par - Le 01 octobre 2011.

“Bicloo" à Nantes, “Vélov'" à Lyon et Villeurbanne, “Velib'" à Paris, “Vélo Bleu" à Nice, “Métrovélo" à Grenoble Métropole, etc., la liste des dispositifs de vélos en libre-service ne cesse de s'allonger. Et, contrairement à ce que certains professionnels avaient pu penser, cela se fait au plus grand bénéfice de l'ensemble de la profession.

“Il existe aujourd'hui une reprise et une tendance très forte au retour du vélo urbain"[Selon les organisateurs du salon, des progressions soutenues ont été constatées au premier trimestre : + 31 % pour les vélos pliants, + 17 % pour les “VAE", + 11 % pour les BMX, etc. [/footnote], indiquait, lors du [Salon du cycle (du 16 au 19 septembre, à Paris), André-Pierre Doucet, directeur de la communication de la Fédération professionnelle des entreprises du sport et des loisirs (FPS). Symbole de la variété de ce dynamisme retrouvé, des produits aux antipodes les uns des autres : d'un côté, les “VAE", vélos à assistance électrique, aussi chers qu'un scooter et de nature à attirer une clientèle qui avait délaissé le deux-roues écolos-mais-fatigants ; de l'autre, les fixies, ces vélos monovitesse à pignon fixe, savant mélange de la simplicité des bicyclettes d'antan et du look très étudié des vélos de coursiers new-yorkais. À la clé, une manne pour le secteur, le tout générant ventes, besoins de maintenance et de pièces détachées, mais aussi formation d'une main-d'œuvre qualifiée aux compétences sans cesse renouvelées.

Faut-il pour autant parler de secteur en tension ? Loin s'en faut, comme l'explique Gérard Pouet, directeur général du CNPC[Centre national professionnel pour la commercialisation des articles de sport et loisir. [/footnote] : “Comme le directeur de Pôle emploi Île-de-France l'a confirmé, avec 60 postes à pourvoir dans la Région nous ne sommes pas un secteur en tension. Toujours est-il que près de 350 postes de techniciens sont à pourvoir dans toute la France et que nous manquons de candidats." Pourquoi ? “Les métiers du vélo ont longtemps été dévalorisés en raison du côté manuel", estime Thierry Meersman, directeur de [Sup de Vélo. “La partie cycle a disparu des diplômes d'État", avance pour sa part Didier Lamade, directeur pédagogique de l'INCM (Institut national du cycle et du motocycle) : “Depuis 1994, il n'existe plus que des CQP inscrits au RNCP, cela gêne peut-être jeunes et parents."

Que faire ? Peut-être donner la parole à Bernard Gribaudo, vice-président de la Fédération nationale du commerce et de la réparation du cycle et du motocycle (FNCRM), lorsqu'il prend sa casquette de “vélociste à la retraite" : “La blouse grise, je l'ai portée pendant des années avec fierté et passion. J'ai eu des problèmes de santé aux mains, mais je disais au médecin que ce n'était pas grave, la mécanique étant un métier intellectuel ! La mécanique, c'est quelque chose de beau, c'est cette passion qu'il faut arriver à transmettre aux jeunes." Et de poursuivre en décrivant la valse technologique comme autant d'occasions d'apprendre : “Désormais, il faut se former tout le temps. Mais quand quelque chose de nouveau arrive, c'est chouette ! C'est un métier avec des gestes d'autrefois et des technologies d'aujourd'hui. Partir de l'ancien pour aller vers le nouveau, cela se fait aussi avec l'aide des constructeurs."

Autre source d'emplois, les flottes de vélos, privées ou publiques, qui génèrent des besoins de maintenance et, donc, de formation. Ainsi du CNPC, qui travaille à la création d'une certification “Maintenance/entretien des vélos de ville" avec JC Decaux et Clear Channel, les deux principaux opérateurs des municipalités proposant des vélos en libre-service. De même pour Cycleurope, qui équipe et forme le personnel de La Poste, ou encore de l'INCM, qui déclare former 12 salariés du Vélib' parisien par an. Au total, certes “pas des gisements d'emplois considérables", selon Gérard Pouet, mais des “perspectives d'emploi, tant en termes de besoins de formation que de marché pour les entreprises assurant la maintenance de ces flottes", estime Didier Lamade.

Marché de la formation : forte concurrence 


Réglementée, l'ouverture d'un magasin de cycles incluant un atelier est subordonnée à la détention d'un des deux CQP du secteur : soit le CQP “Technicien en maintenance cycle", détenu par le CNCP, soit le CQP “Conseiller technicien cycle", détenu par l'INCM. “Manne" pour les organismes de formation, l'habilitation à assurer la préparation et le passage des CQP est l'objet d'enjeu entre offreurs. “Nous avons obtenu de la CPNEFP[ 1 ]Commission paritaire nationale de l'emploi et de la formation professionnelle. l'autorisation de préparer au CQP Technicien en maintenance cycle, mais pas de le faire passer, ce qui nous oblige à envoyer nos stagiaires au CNPC", déclare ainsi Manuelle Sarazin, directrice administrative et financière de Sup de Vélo, un centre de formation nouvellement créé par le groupe Cyclelab. En attendant une nouvelle demande d'habilitation à la CPNEFP qui devrait être formulée d'ici fin 2012, les stagiaires de Sup de Vélo continueront donc de passer leur CQP au CNPC, lui-même organisme de formation préparant à ce même CQP.

De l'autre côté, il est possible de se demander aussi si le CNPC accèdera longtemps au marché de la formation continue du groupe Cyclelab, désormais organisme de formation via Sup de Vélo, mais aussi client, car propriétaire des trois principaux réseaux spécialisés de distribution (Bouticycle, Culture Vélo et Vélo Station). Au moins, Décathlon et Go Sport, clients majeurs du CNPC, ne détiennent-ils pas de centre de formation aux métiers du cycle…

(Sur [ORIENTATION & FORMATION

Loin de se cantonner aux seules tâches d'entretien et de réparation, le conseiller technique cycle est aussi un commercial hautement spécialisé : du vélo de ville à celui de course, en passant par le VTT, il conseille, vend, et adapte les vélos en fonction des besoins, de l'utilisation et de la morphologie de ses clients. Il gère les stocks de pièces et accessoires, assure le service après-vente, l'organisation de l'atelier et du magasin. Il travaille également avec les constructeurs, les grossistes et les distributeurs. )]

Notes   [ + ]

1. Commission paritaire nationale de l'emploi et de la formation professionnelle.