Les chantiers de rénovation à l'agenda du CIDJ

Par - Le 21 octobre 2016.

« On tourne la page de la crise ». Après deux ans de turbulences financières, le Centre d'information et de documentation jeunesse semble sortir la tête de l'eau. Sophie Bosset-Montoux, ancienne directrice de la Cité des métiers de Seine-et-Marne, vient d'être nommée, le 3 octobre dernier, directrice du CIDJ en remplacement de Philippe Salles qui a quitté ses fonctions en juillet. Rencontre avec la nouvelle dirigeante de l'institution du Quai Branly et tour d'horizon des pistes de développement, internes et externes, que la nouvelle direction envisage de mettre en chantier pour imaginer « le CIDJ de demain ».

Le Quotidien de la formation : Après deux ans de ballotements, dans quelle situation se trouve le CIDJ aujourd'hui ?

Sophie Bosset-Montoux : Lorsque je suis arrivée, on m'a dressé un tableau plutôt sombre de la situation de l'institution. La tourmente traversée par le CIDJ a malmené les salariés qui se sont retrouvés travaillés par des sentiments de découragement et d'inquiétude provoqués, notamment, par l'incapacité à se projeter dans l'avenir. Je tiens d'ailleurs à les rassurer : je n'arrive pas avec un plan de licenciements en tête. Ce n'est ni la volonté du conseil d'administration, ni celle des financeurs, ni celle de l'Assemblée générale. Durant un an, un mandataire avait été nommé pour faire le point sur la situation du Centre. Et ses conclusions sont plutôt encourageantes : il a souligné la grande expertise des salariés, la valeur ajoutée du CIDJ sur le domaine de l'information jeunesse, sa notoriété qui ne fait aucun doute et la grande qualité du travail qu'il a pu observer. Ses préconisations constitueront ma feuille de route.

QDF : Côté financier, la situation du CIDJ semble s'être stabilisée l'an dernier grâce au versement d'une subvention exceptionnelle, même si l'institution finira manifestement 2016 dans le rouge. D'autres subventions extraordinaires sont-elles prévues au programme ?

S. B-M: Il n'y aura pas de nouvelle subvention exceptionnelle pour le CIDJ de la part du ministère de la Jeunesse et des Sports. Il va falloir nous débrouiller seuls. Par ailleurs, il est vrai que nous achèverons 2016 sur un déficit. Mais beaucoup plus léger que ce que nous pouvions craindre au départ. Les chiffres de l'année n'étant pas encore consolidés, je n'en avancerai pas, mais par rapport à notre budget global annuel (6,4 millions) et notre réserve de trésorerie, le déficit sera largement résorbable.

QDF : Quelles sont les ressources du CIDJ à l'heure actuelle ?

S. B-M: Si j'en crois les derniers chiffres consolidés à ma disposition – ceux de 2015 – les subventions en provenance de l'État et de la région Île-de-France s'élevaient à 3,4 millions d'euros. À quoi il faut ajouter la gratuité de l'occupation de nos locaux du Quai Branly que la Mairie de Paris met gracieusement à notre disposition. Sur cette enveloppe, la participation de l'État est largement majoritaire puisque la subvention régionale ne représente que 10 % environ du total. Quant à nos ressources propres, elles s'élevaient à 2,8 millions et provenaient essentiellement de la vente de nos fiches thématiques Actuel CIDJ qui représentaient 85 % de nos revenus. Le complément venant de diverses sources comme la collecte de la taxe d'apprentissage ou la réalisation d'autres opérations commerciales.

QDF : Quelles sont les pistes d'évolution financières à votre disposition ?

S. B-M: Pendant plusieurs années, le principal projet du CIDJ n'a pas été tant sa situation financière que l'incapacité à se projeter dans l'avenir. Le Centre était tellement coincé dans ses difficultés qu'il était incapable d'imaginer de nouveaux projets, de nouvelles innovations ou de nouveaux outils. La situation étant désormais clarifiée, nous pouvons envisager de nouvelles pistes de développement. En premier lieu, et c'est ce que j'ai signifié au comité de direction, le CIDJ va se recentrer sur son cœur de métier : l'information jeunesse et ses fondamentaux. Certaines opérations, comme les conférences "addictions"ou les conférences info-métiers, ne seront pas renouvelées en 2017. Le principe est simple : si une opération n'est pas financée, on ne la fait pas.

Parmi les autres axes de développement, je compte amplifier la part de la taxe d'apprentissage que le CIDJ est susceptible de percevoir. En 2015, nous avons reçu 89 000 euros des entreprises à ce titre. En 2017, je fixe un objectif de 150 000 euros. Pour cela, je compte sur les bonnes relations entretenues par nos conseillers avec les employeurs. Tous sont en relation avec des entreprises et cette bonne entente pourra être utilisée pour les sensibiliser à orienter leur taxe vers le CIDJ. Une campagne particulière en ce sens sera lancée l'an prochain.

De la même manière, nous allons diversifier le portefeuille de clientèle pour les classeurs Actuel CIDJ. Nous avons constaté que certains institutionnels, comme Pôle emploi, les utilisaient moins qu'avant, préférant recourir à des plateformes type webstore. En revanche, de plus en plus de prestataires privés (cabinets de consulting, organismes de cours par correspondance…) s'intéressent à nos productions. C'est un marché que je compte développer. Nous allons d'ailleurs davantage prospecter le privé puisque j'envisage des collaborations plus étroites avec certaines fondations d'entreprise avec lesquelles nous pouvons imaginer des collaborations thématiques. De nouveaux partenariats associatifs sont également en chantier, mais pour l'instant, il est trop tôt pour en parler.

Par ailleurs, il existe certains appels à projets que le Centre négligeait jusqu'à présent. C'est le cas, par exemple, de ceux émis par le Fonds social européen (FSE). Là aussi, nous allons prospecter ce marché potentiel.

QDF : Le CIDJ envisage également de se positionner comme opérateur du conseil en évolution professionnelle…

S. B-M: C'est exact. Nous allons candidater pour devenir opérateurs du CEP. Aujourd'hui, le Conseil régional finalise ses appels à candidature et nous entendons y répondre pour nous positionner sur le niveau 1 du CEP. Le CIDJ est déjà membre du service public régional de l'orientation (SPRO) et du Comité régional de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles (Crefop) et il possède déjà un savoir-faire conséquent en matière d'accueil et d'information du public. Nous pensons même nous proposer pour expérimenter le niveau 2 du CEP. Mais pas pour le niveau 3 en revanche qui relève davantage du champ des Opca.

QDF : Et en interne aussi, des changements sont à l'agenda ?

S. B-M: Plusieurs chantiers sont effectivement prévus. Notamment celui de la refonte de notre interface Internet qui nous permet de délivrer du conseil en orientation à distance. Celle dont nous disposons est vieille, plus adaptée aux habitudes modernes des internautes, notamment la consultation sur Android ou smartphone. Nous allons lancer une consultation pour la refondre. Idéalement, je souhaite que la nouvelle plateforme soit opérationnelle à l'été 2017.

Nous allons également mettre en œuvre un plan RH sur deux ans pour prévoir à l'avance les compétences dont le CIDJ aura besoin dans l'avenir et les recrutements que nous serons susceptibles d'effectuer. La moyenne d'âge de nos collaborateurs est élevée. Plusieurs départs à la retraite auront lieu dans les temps à venir et il serait dommageable que des compétences soient perdues.

Enfin, et c'est sans doute le projet le plus ambitieux, nous envisageons de refondre le statut du CIDJ. L'institution restera toujours une association Loi 1901, mais nous allons revoir la composition du conseil d'administration pour le rendre plus opérationnel. Aujourd'hui, beaucoup de ministères y siègent et il est indispensable de resserrer le nombre de sièges pour plus d'efficacité. Mais l'objectif final, c'est d'aboutir à un CA qui se positionnera davantage en pilote stratégique du Centre et qui pourra s'appuyer sur deux commissions-miroirs (une nationale, une régionale) qui seront les moteurs de l'action et des projets du CIDJ. Ce ne sera pas facile. De nombreuses réticences existent. La négociation en ce sens débutera en janvier 2017.