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Comment mobiliser la formation pour le retour à l'emploi

Par - Le 20 octobre 2014.

Alors que le nombre de personnes durablement éloignées de l'emploi dépasse les deux millions, le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) vient de publier un rapport sur la question. Les auteurs déconseillent de considérer la formation comme un outil de traitement social du chômage.

Accompagnement renforcé

“Il n'existe pas à ce jour de traitement transversal de la question de l'éloignement, que ce soit au niveau préventif ou curatif." Véritable fil rouge de l'analyse du COE, ce constat introductif interroge la diversité des modes d'accompagnement. Laquelle peut “faire perdre de vue des problématiques spécifiques, communes aux différents profils des personnes et qui devraient appeler des réponses au moins en partie globale". Problème : si un “accompagnement global" a bien été mis en place par Pôle emploi depuis janvier 2014, celui-ci tarde à se déployer, avec seulement “904 demandeurs d'emploi suivis par 31 conseillers au 1er juillet".

Leviers d'action

Évoquant des “leviers d'action", le COE insiste sur la nécessité d'une réforme de la prise en charge des demandeurs d'emploi, au bénéficie d'une intervention rapide, en amont de la réalisation du risque d'éloignement durable. Les seniors, mais aussi les moins diplômés, les licenciés économiques, les jeunes issus de l'immigration, les personnes interrompant leur parcours pour élever leurs enfants, ainsi que les personnes malades ou en situation de handicap, sont particulièrement concernés. Prônant un retour à l'emploi le plus rapide possible, le COE préconise une meilleure anticipation et une accélération de la recherche d'emploi, sans pour autant verser dans la précipitation. Au contraire, l'accent est mis sur la nécessité d'une “bonne orientation", laquelle suppose un “temps accru consacré au diagnostic" et l'outillage des conseillers.

Risque d'éloignement ?

Si la formation n'est pas à négliger, le COE insiste : “l'éloignement crée de l'éloignement" et il convient donc d'inscrire systématiquement les départs en formation “dans le cadre d'un parcours réfléchi vers l'emploi". L'opportunité que représente le compte personnel de formation pour l'accès à la formation des demandeurs d'emploi ne devrait pas être gâchée par une mobilisation hasardeuse. Aussi importe-t-il de promouvoir “une meilleure coordination, plus de circulation de l'information entre les acteurs de l'accompagnement ainsi qu'une professionnalisation et des formations régulières pour les professionnels de l'insertion". D'autres dispositifs, perçus comme “très utiles" par le COE, sont à “simplifier" (validation des acquis de l'expérience) et à “développer" (Écoles de la deuxième chance). Eu égard au public cible, la valorisation des “compétences informelles", celles acquises en dehors du monde professionnel, apparaît “trop limitée". Parce qu'elle permet un contact avec le monde du travail, le COE se montre également très intéressé par l'alternance et appelle à la fois à ouvrir l'apprentissage aux plus de 26 ans et à développer les contrats de professionnalisation.

Des formations davantage connectées à l'emploi

En s'appuyant sur l'audition au Sénat de Rose-Marie Van Lerbeghe, présidente de la commission territorialisation de Pôle emloi, le COE appelle à revisiter les contenus de formation, parfois sans rapport avec le référentiel métier et agissant comme de véritables freins à l'emploi : est-il vraiment nécessaire d'écarter des candidats au concours d'aides-soignants en raison d'un échec à l'épreuve de dictée, s'interroge le rapport. Et de poursuivre : certaines compétences peuvent, “dans certains cas, être acquises par l'expérience en entreprise ou en milieu de travail et reconnues par d'autres méthodes que l'acquisition d'un diplôme en formation initiale". De même pour “les emplois qui ne nécessitent pas de qualification particulière mais des compétences", pour lesquels “la méthode de recrutement par simulation ou celle par habiletés pourraient être développées".

Qu'est-ce que l'éloignement durable du marché du travail ?

Pour le Conseil d'orientation pour l'emploi, le concept de "personnes durablement éloignées de l'emploi" ne se réduit pas au “chômage de longue durée". D'une part, “un grand nombre de personnes inscrites à Pôle emploi depuis un an ou plus, [le sont] soit parce qu'elles exercent une activité réduite […], soit parce qu'elles sont enfermées dans des parcours précaires alternant chômage et emploi de courte durée". D'autre part, la majorité des quelques 2 millions de personnes durablement éloignées de l'emploi ne sont même pas inscrites à Pôle emploi.