Sophie Béjean et Bertrand Monthubert

De la construction d'une “société apprenante" par la formation tout au long de la vie

Par - Le 09 septembre 2015.

Dans le rapport définitif du Comité StraNES (Stratégie nationale de l'enseignement supérieur) remis à François Hollande, le 8 septembre 2015, Sophie Béjean (présidente) et Bertrand Monthubert (rapporteur général) identifient cinq axes stratégiques pour préparer l'avenir de la France. Parmi ceux-ci, la construction d'“une société apprenante par la formation tout au long de la vie" et des efforts en faveur de “la mobilité sociale et une réelle égalité des chances par une réforme de l'orientation et une adaptation des formations".

Une offre de formation pour embrasser les nouveaux métiers

Pour “construire la France de demain, agir pour l'égalité et répondre aux attentes de la jeunesse", le Comité propose d'adapter les compétences aux mutations que vit le pays. En effet, rappellent les auteurs, “comme certains pays développés, la France a des besoins de qualification qui évoluent rapidement. Certains métiers disparaissent et d'autres émergent. Les évolutions de l'emploi montrent une tendance à la “polarisation" autour des emplois très qualifiés ou peu qualifiés au détriment des niveaux intermédiaires". Ils proposent donc de construire une offre de formation qui permette à chacun d'embrasser les nouveaux métiers, de s'insérer sur un marché du travail très mobile, d'agir en citoyen actif et responsable.

Il apparaît indispensable, aux yeux des membres du Comité StraNES de développer les compétences transférables pour sécuriser les parcours professionnels. En effet, “chaque formation doit analyser précisément les compétences qu'elle développe. Une partie importante d'entre elles doivent être transférables, c'est-à-dire pouvoir être utiles dans de nombreux emplois ou fonctions de nature différente". Car, la capacité à évoluer et à s'approprier de nouvelles missions, à actualiser ses connaissances et à accéder à des savoirs nouveaux est de plus en plus importante dans un monde où les métiers se transforment, voire disparaissent, et où chacun peut être amené à exercer différents métiers au cours de sa vie active. “C'est une condition de l'accès à l'emploi, d'une insertion réussie et de la sécurisation des parcours professionnels", insistent-ils.

Relever les nouveaux défis sociétaux

Afin de mettre en place des formations adaptées, le rapport estime nécessaire de lancer une analyse prospective des besoins de formation en lien avec les grands défis sociétaux. Des parcours de formation répondant à ces défis (développement durable, société numérique...) et associant plusieurs disciplines doivent pouvoir être créés à partir des filières existantes.

Le Comité rappelle la nécessité de rendre attractives les filières conduisant aux nouveaux métiers, en concentrant les actions d'information sur celles-ci afin d'améliorer l'insertion professionnelle des étudiants.

Décloisonner formation initiale et continue

La formation tout au long de la vie (FTLV) est un impératif pour donner de nouvelles chances d'accès à l'éducation supérieure et pour accompagner les évolutions des besoins dans les entreprises et sur le marché du travail", rappellent les auteurs. Son développement important serait indispensable pour contribuer à combler l'écart de formation entre les jeunes et les moins jeunes. Pour cela, « il sera nécessaire d'adopter des règles incitatives claires et de décloisonner formation initiale et formation professionnelle continue". Cela suppose de repenser l'offre de formation des établissements et de faire évoluer le statut de l'étudiant.

Le Comité propose, d'inciter les entreprises, les Opca et les Régions à orienter les financements du Compte personnel de formation vers des formations de niveaux I, II et III, et à “reconnaître explicitement les établissements publics d'enseignement supérieur, notamment les Universités, parmi les prestataires les plus pertinents".

Il recommande la mise en place d'un “plan de développement général" de l'alternance dans le supérieur. Des “formes nouvelles d'alternance" pourraient ainsi être conçues dans une vraie perspective de FTLV afin de favoriser l'accès et la réussite à des diplômes du supérieur des bacheliers professionnels et technologiques. Ce qui permettrait à la fois de répondre à la demande de formation supérieure des jeunes et de prendre en compte les besoins de recrutement de certaines entreprises.