Maxime Jore

Les pistes d'un chercheur pour construire de nouveaux modes d'apprenance

Par - Le 27 janvier 2015.

Une nouvelle ère. Une révolution même. Tels sont les mots employés par Maxime Jore, enseignant chercheur chez Novancia Business School[ 1 ]Ecole de commerce de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris Ile-de-France. pour décrire les changements que connaît le monde de la formation des adultes aujourd'hui, lors d'une matinée organisé par l'organisme et consacrée aux nouveaux modes d'apprentissage. Face aux mutations introduites par le numérique et aux changements dans le mode de vie des individus, les formations doivent aujourd'hui s'adapter. Plus question selon lui de concevoir un stage comme un unique lieu de délivrance des savoirs. «Les études portant sur l'activité cérébrale des étudiants révèlent que cette dernière est au plus faible lors des cours. Au contraire, elle connaît un pic lors des phases de sommeil. Ces informations nous appellent à complètement repenser notre mode d'apprentissage et d'apprenance. » D'où l'intérêt de travailler sur l'éveil et la curiosité des apprenants. « L'enjeu, c'est d'apprendre à apprendre. Il faut amener le stagiaire à vouloir apprendre, à savoir apprendre et à pouvoir apprendre. » Les enquêtes récentes sur le sujet [ 2 ]Notamment une enquête Cegos de 2012 sur la formation des salariés. démontrent que l'envie d'apprendre existe déjà parmi les salariés aujourd'hui. « 55 % des formations suivies sont à l'initiative du salarié. De plus, les motivations avancées sont l'épanouissement sur le plan personnel et l'envie d'accomplir mieux son travail. »

Cela passe aussi, selon le chercheur, par une plus grande créativité dans l'aménagement des lieux de la formation. « Auparavant, nous étions confrontés à des classes en rang, braquées sur un formateur récitant son cours sur son estrade. Maintenant, les cours doivent se délivrer dans un plus grand esprit de partage, avec une répartition moins structurée pour permettre au formateur de se balader parmi les stagiaires. Cela s'explique notamment par le fait que le savoir n'est pas seulement la propriété de l'enseignant, mais surtout un travail de collaboration, d'échanges et de partage entre individus suivant la même formation. » Plusieurs autres pistes pour développer l'envie d'apprendre sont évoquées par Maxime Jore : « Stimuler l'attention en permanence, sachant qu'en moyenne la capacité de concentration est limitée à sept minutes. Engager activement le stagiaire, retourner l'information et consolider les acquis sont également indispensables. »

La révolution numérique a profondément modifié les modes d'apprenance. Comment alors les adapter à ces principes d'éveil à la connaissance ? « Malgré les grandes tendances que constituent le e-learning et les réseaux sociaux, le présentiel reste irremplaçable, car il se nourrit des mystères et de la beauté de la relation humaine directe. » Pour autant, des pistes sont avancées pour optimiser l'apprentissage à distance. « Le Mooc “Massive open online course" constitue une opportunité unique. Le problème c'est le temps pour le suivre, et le fait que les individus soient submergés par l'information. » Autre tendance lourde constatée : l'émergence des jeux. « Les “serious game" seconde génération vont bientôt envahir le marché. Ce sont les jeux en réseau qui permettront aux apprenants de construire eux mêmes leur scenario. »

Notes   [ + ]

1. Ecole de commerce de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris Ile-de-France.
2. Notamment une enquête Cegos de 2012 sur la formation des salariés.